Ecarté de la prévention spécialisée où il travaillait depuis 15 ans au sein d’une équipe du département de Meurthe-et-Moselle, Laurent Lider a fait un burn-out. Cet éducateur chevronné de 55 ans a décidé de parler dans la presse locale. Depuis, il a reçu des dizaines de témoignages de confrères, soumis, dit-il, à un management déconnecté des réalités de terrain, source de mal-être et de perte de sens.
Depuis combien de temps êtes-vous éducateur en prévention spécialisée ?
Laurent LiderAprès avoir exercé au sein du réseau éducatif de Meurthe-et-Moselle, un service de l’aide sociale à l’enfance, j’ai travaillé quinze ans en prévention spécialisée : dix ans au sein du quartier de la Californie à Jarville-la-Malgrange et cinq ans à Toul dans le quartier de la Croix-de-Metz et le centre-ville.
Quel a été le déclencheur de votre burn-out ?
L.L.Le point de départ a été le démantèlement de l’équipe de prévention spécialisée de Toul. En tant qu’agent travaillant pour le département, je suis astreint au droit de réserve et je dois rester prudent, mais je peux dire que nous avons subi de très fortes pressions politiques.
Face à ces pressions, mon institution et mes cadres m’ont soutenu jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle cadre en 2018, qui a mis en danger tous nos projets. Elle pratiquait un management virtuel et brutal, on ne la voyait quasiment pas, elle communiquait exclusivement par mail… Elle n’était pas issue du sérail et ne connaissait pas la prévention spécialisée ni les enjeux du territoire.
Auriez-vous un exemple ?
L.L.Elle nous a par exemple demandé de communiquer sur la situation de certains jeunes ancrés dans une forme de délinquance, dans le cadre de comités techniques en présence de la mairie de Toul et de certains partenaires.
Si nous le faisions, nous risquions de perdre les liens de confiance que nous avions tissés. Elle n’a rien voulu entendre. Nous avons alerté notre responsable de territoire et le président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, pensant être entendus. À notre grande surprise, cela n’a pas été le cas.
Vous pensiez être soutenu par votre hiérarchie ?