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Reportage13 avril 2022
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Le malaise du travail social ausculté par le Cese à Lyon

Pour mieux saisir les difficultés des professionnels de la cohésion sociale, des membres du Conseil économique, social et environnemental (Cese) sont partis les écouter, le 6 avril. Ils l’ont constaté dans un foyer : l’épuisement des personnels use jusqu’aux résidents handicapés.

Expliquer à quel point les recrutements sont urgents, aux « Jardins de Meyzieu » ? Dans la vaste salle de l’accueil de jour aux murs rouges, ils sont une dizaine à attendre, assis en cercle sur leurs chaises roulantes, prêts à témoigner. « L’un des résidents est très ému », a déjà prévenu Catherine Duchênes, la directrice de cet établissement de 71 places de l’association Odynéo. « Ils ne comprennent pas pourquoi on ne veut plus s’occuper d’eux ».

De vive voix

À peine les visiteurs du Conseil économique, social et environnemental (Cese) se présentent-ils, en évoquant la crise des recrutements, que Guilhem se met à pleurer. Michel, lui, parvient à se lancer : « Ça joue sur mon moral, on ne peut plus faire des activités comme on faisait avant », comme le traduit la directrice, à l’intention des oreilles inaccoutumées. Xavier crie, en guise d’approbation. Marjorie acquiesce aussi, en choisissant ses mots dans un classeur de communication. Quant à Laurence, elle peut le dénoncer de vive voix : « Quand il y a des personnels remplaçants, il faut toujours tout leur expliquer, et nos professionnels sont fatigués ! »

Rapporteur de l'avis du Cese, Evanne Jeanne-Rose (au centre) a interrogé, à Meyzieu, les professionnels ainsi que les personnes accompagnées Olivier Bonnin

Mais pour nourrir leur avis sur la crise des « métiers de la cohésion sociale », les membres du Cese sont aussi venus à Lyon, ce 6 avril, pour écouter des professionnels. Et plusieurs ont rejoint le cercle, afin d’évoquer leur travail en « mode dégradé ». À vrai dire Kheltoum Barinchi, aide médico-psychologique, songe en premier lieu à ses résidents, qu’elle n’a même plus le temps de stimuler. Elle est formelle : « Ils sont tous en perdition d’autonomie. »

Sa collègue Marjorie Pillet approuve aussitôt : « Je suis monitrice-éducatrice de métier, mais aujourd’hui, je me considère d’abord comme une soignante. »

Des salaires « honteux »