La crise sanitaire a fragilisé le secteur associatif médico-social qui souffrait déjà d’un manque d’attractivité. Les dispositions du Ségur de la santé risquent d’aggraver cette situation, selon de nombreux directeurs qui lancent l’alerte, certains observant déjà des démissions en série.
Bien sûr la situation n’est pas nouvelle. Depuis de longues années les représentants du secteur privé non lucratif alertent élus et financeurs sur le manque d’attractivité de certains postes : aides-soignants, aides médico-psychologiques, assistants éducatifs et sociaux, infirmières, kinésithérapeutes et orthophonistes.
Tout ça pour ça ?
Mais depuis quelques semaines, l’inquiétude a franchi un cran et les craintes sont parfois devenues réalité. « Depuis le début de l’été nous avons enregistré sept démissions dans un foyer de vie : deux aides-soignants, trois accompagnants éducatif et social (AES) et deux infirmiers, décrit Jacques Serpette, directeur général de l’Adapei 27. Certains ont exprimé leur souhait de prendre une année sabbatique, d’autres ont un nouveau projet professionnel ».
Si les raisons de ces départs relèvent sûrement d’un ensemble de facteurs, Jacques Serpette constate toutefois que la crise sanitaire a servi de déclencheur. « Ces professionnels se sont beaucoup impliqués pendant le confinement. Au bout de cette période lourde et au regard de leur faible salaire, certains se sont dit : "tout ça pour ça"? Difficile de leur donner tort, car aujourd’hui la morale de l’histoire c’est qu’ils n’ont toujours pas de reconnaissance ».
Un manque d'attractivité structurel
L’association des parents d’enfants inadaptés (Apei) de Chambéry, qui a enregistré récemment trois départs d’infirmières et voit se réorienter certains personnels éducatifs, partage ce constat. Elle s’est même fendue le 7 septembre, pour la première fois de son histoire, d’une lettre ouverte adressée au ministre des solidarités et de la santé.