Face à la prostitution des mineures, un phénomène qui touche l’aide sociale à l’enfance (ASE) mais mobilise peu les pouvoirs publics, les professionnels manquent d’outils pour agir. Des associations et de rares services dédiés fournissent toutefois des clefs pour renforcer l’accompagnement. Enquête.
Mai 2020 à Toulouse, l’affaire fait la une des médias locaux : une jeune fille de 17 ans est écrouée pour proxénétisme aggravé, accusée d’exploitation de mineures adolescentes recrutées dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance (ASE) du Tarn.
D’autres faits similaires sont relayés depuis plusieurs mois par la presse locale marseillaise, et un documentaire diffusé sur M6 en janvier choque en montrant une jeune fille embarquée à la sortie d’un foyer dans le Vaucluse.
Des affaires qui interrogent
Les travailleurs sociaux n’aiment pas le traitement par la presse des « faits divers » qui les concernent. Déformation des faits, mise en cause, méconnaissance de la réalité, stigmatisation de jeunes déjà ostracisés : leurs arguments sont nombreux.
Ces affaires imposent pourtant d’enquêter, avec une question : comment la prostitution des mineures percute-t-elle le travail social ? De quels moyens disposent les professionnels pour accompagner ces jeunes filles ?
Une évaluation difficile
Dans ce domaine, le féminin l’emporte : si des jeunes hommes se prostituent, les filles sont majoritaires. Elles seraient entre 6 000 et 10 000 selon les associations spécialisées et le rapport d’évaluation de la loi de 2016 renforçant la lutte contre la prostitution.
Des chiffres à prendre avec des pincettes faute d’évaluation fiable. Augmentent-ils ? Les avis divergent. « Il est très difficile de se faire une idée de son évolution, et puis qu’est-ce qu’on comptabilise ? Une collégienne qui pratique une fellation dans les toilettes, c’est invisible », souligne Arthur Melon, secrétaire général de l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE).