Un détail a été oublié dans la réforme revalorisant les diplômes de travail social, engagée en 2018. Pour les élèves qui finissent leurs études cette année selon l’ancien modèle, quelles seront les possibilités de redoubler ? Une pétition circule.
Les étudiants en travail social vont-ils revenir gronder aux portes du ministère des Solidarités ? Pour l’heure, depuis l’avenue Duquesne, seule une pétition est en vue, mais elle a déjà recueilli près de dix mille signatures. Une préoccupation tenaille, en effet, les élèves qui viennent d’entrer en dernière année, pour préparer les diplômes d’Etat d’éducateur spécialisé, d’assistant de service social, ou de niveau équivalent. Si jamais ils n’obtiennent pas leurs quatre « domaines de compétences » requis, d’ici cet été, comment pourront-ils donc les rattraper ?
Un détail de taille
Leurs promotions, en effet, présentent une particularité. Ces élèves se sont engagés, en 2017 pour la plupart, dans des formations aboutissant à des diplômes de « niveau III », c’est-à-dire à bac + 2. Or en 2018, une réforme a revalorisé leurs cinq certifications jusqu’au niveau II, soit au grade de la licence – et uniquement à partir de 2021… Les formations correspondantes, du même coup, ont été revisitées - mais pour tous les élèves admis à compter de 2018. Et malgré des années de discussions, de négociations, et de manifestations, cette réingénierie a fait l’impasse sur ce détail de taille : comment assurer un droit à l’erreur, pour les tout derniers candidats présentant les diplômes « ancienne formule », en 2020 ?
Etudiants « en force »
« Habituellement, les candidats ayant échoué, ou pas validé l'ensemble de leur diplôme, ont cinq ans pour repasser les domaines manquants », est-il rappelé dans une pétition des « étudiants en travail social en force », mise en ligne le 25 septembre sur change.org. Mais que proposer concrètement pour les recalés de 2020 ? Doivent-ils être autorisés à tenter, en 2021, les nouveaux diplômes, pourtant reconnus à un niveau supérieur ? Ou leur faudra-t-il reprendre ces études rénovées au point de départ, c’est-à-dire à la première année ? « Nous demandons au ministère des Solidarités et de la santé de respecter nos droits et de prévoir des sessions de rattrapage pour les promotions des travailleurs sociaux 2020 », réclament les quelque 10 000 signataires recensés au 1 octobre.
L'Unaforis en appui
« Il faut que le droit s’applique », acquiesce Diane Bossière, la déléguée générale de l’Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis). « Nous demandons, nous aussi, ce droit à des sessions de rattrapage. » Elle en convient, de telles épreuves de repêchage ne seront pas si faciles à organiser. D'autant que les examens, jusqu’ici, étaient sous la responsabilité des directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS). Or ces administrations déconcentrées doivent justement être scindées, prochainement, entre rectorats et directions régionales des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi (Direccte). Comment mobiliser des services ainsi restructurés, l’an prochain, pour organiser des sessions de rattrapage pour quelques dizaines d’étudiants ? « Ce ne sera pas simple, mais il n’est plus possible de rester silencieux », estime Diane Bossière, qui souligne que l’Unaforis demande, depuis déjà longtemps, des mesures transitoires.
Une réponse de la DGCS
La rumeur de la pétition semble au moins avoir été entendue à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). « Nous étudions, avec le ministère de l’Enseignement supérieur, les options qui pourraient s’offrir aux étudiants n’ayant pas validé leur diplôme à l’issue de la session 2020 », y répond-on en effet au Media social. « Nous travaillons bien évidemment à des solutions qui puissent être favorables aux étudiants, tout en garantissant la qualité des diplômes. Une instruction est en cours de finalisation pour préciser les modalités qui seront concrètement mises en place. » Voilà déjà un texte de la DGCS que les étudiants en travail social peuvent attendre avec gourmandise.