Les élèves qui achèvent cette année leur formation au niveau bac +2 auront le droit à l'erreur. Des sessions de rattrapage ainsi que des possibilités de redoublement viennent d'être annoncées par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS).
« Etudiant.e.s du travail social en lutte ! » A Nantes comme ailleurs, parmi les manifestants contre la réforme des retraites, certains sont déjà de bons connaisseurs des prestations sociales et des besoins du grand âge... En effet, les futurs assistants sociaux, éducateurs et CESF étaient eux aussi appelés à défiler à travers la France, ce 17 décembre. Une coordination nationale, réunie à Cergy-Pontoise le 7 décembre, les avait en tout cas invités « à voter la grève lors des journées de manifestations interprofessionnelles des prochains jours », y compris cette semaine.
Droit au redoublement
Mais si ces manifestants demandent de concert « l’abandon du projet de réforme des retraites », ils sont également mobilisés, depuis plusieurs semaines, pour « le droit au redoublement et aux rattrapages pour les 3e année ». En effet, si la refonte de leurs formations, depuis la rentrée 2018, doit bientôt aboutir à des diplômes enfin reconnus au grade de la licence, elle laisse la promotion de 2017, en revanche, dans une anxiété particulière. Aujourd'hui parvenus en troisième année, ces élèves préparent en effet les diplômes dans leur ancienne version, au niveau bac +2… Dès lors, en cas d’échec en juin prochain, dans quelle classe pourront-ils donc redoubler ?
Finalisation
Interrogée par le Media social, fin septembre, la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) promettait une instruction, « en cours de finalisation », pour apporter des solutions « favorables aux étudiants, tout en garantissant la qualité des diplômes ». En définitive, il aura fallu attendre la semaine dernière pour que soit diffusée une réponse, par écrit, auprès des responsables des centres de formation.
Rattrapage à l'automne
Son premier paragraphe est limpide : « Une session de rattrapage, organisée à l’automne 2020 pour les DE ASS, EJE, ES et ETS [1], sera proposée aux étudiants ayant échoué à valider un ou plusieurs domaines de compétences à la session de juin 2020. » Et, « du fait d’un calendrier spécifique, une session similaire sera organisée ultérieurement pour les étudiants du DE CESF (conseillers en économie sociale familiale, NDLR) ».
Tables de correspondance
Et pour les étudiants échouant à cette session de rattrapage ? « Des tables de correspondance entre les anciens et les nouveaux diplômes permettront l’acquisition de certains blocs de compétences dans le cadre des diplômes réingéniés », poursuit la DGCS. « Un positionnement en 3e année du diplôme sous son nouveau format sera proposé par la commission pédagogique de l’établissement où les étudiants ont été formés. Ces étudiants n’auront donc qu’une autre année à effectuer. »
Dès lors, « consécutivement à cette année complémentaire de formation, les étudiants auront la possibilité d’acquérir les blocs de compétences manquants afin d’obtenir la délivrance du diplôme, sous son nouveau format. Ainsi n’auront-ils qu’à se présenter aux épreuves correspondant aux blocs de compétences considérés comme non acquis », conclut la DGCS, qui promet une « traduction réglementaire » de ce dispositif début 2020.
D'autres préoccupations
Sur les réseaux sociaux, de la part des « étudiants du travail social en force » comme du « comité de mobilisation des étudiant.e.s en travail social », les réactions semblent encore hésitantes. Une participante demande : « Est ce qu’on peut dire bravo, félicitation, bien joué et tout et tout ? » « Il n’y a rien de rien », répond-on, en jugeant notamment qu’une organisation des rattrapages par les centres de formation poserait « un réel problème de neutralité ».
De son côté l’Association nationale des assistants de service social (Anas) estime que ces éléments « ne viennent que partiellement répondre aux préoccupations plus globales » des étudiants. Il est vrai qu’à Cergy, la coordination a également revendiqué un financement public des stages, une augmentation immédiate des aides sociales aux étudiants, ou encore la « reconnaissance à bac +3 » pour les promotions précédentes.
[1] Il est question ici des diplômes d’Etat (DE) d’assistant de service social (ASS), d’éducateur de jeunes enfants (EJE), d’éducateur spécialisé (ES) et d’éducateur technique spécialisé (ETS).