Le chef de l'Etat a dévoilé le 13 septembre le tant attendu plan pauvreté, doté d'un financement de 8,5 milliards d'euros sur quatre ans. Deux mesures phares au menu d'une loi annoncée pour 2020 : la création d'un service public de l'insertion et d'un revenu universel d'activité qui fusionnera des prestations sociales comme le RSA, les APL et la prime d'activité.
Fin du suspense. La stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, dont la présentation était d'abord annoncée pour avril, puis pour juillet, a finalement été présentée le 13 septembre par le président de la République, Emmanuel Macron.
Petite enfance, éducation, formation, jeunes majeurs, emploi, santé, accompagnement et travail social... les chantiers sont multiples.
Après l'épisode du "pognon de dingues", et une image de président des "riches" qui lui colle à la peau, ce plan était très attendu.
Mais pour l'intéressé, il ne s'agit pas là d'un "tournant social" décidé opportunément pour faire contre-poids aux premières réformes du quinquennat, mais plutôt d'un chantier global reposant sur trois projets indissociables : "le projet productif" (créer de l'activité et développer les emplois pour faire de la redistribution), le "projet éducatif" (pour lutter contre le déterminisme social) et le "projet solidariste et humaniste".
Les prestations monétaires "ne suffisent pas"
Le plan repose sur deux piliers : les mesures en direction des enfants et des jeunes et les mesures pour l'emploi. Pour Emmanuel Macron, la lutte contre la pauvreté passe par le retour à l'emploi et tous les moyens du plan sont donc orientés vers cet objectif. Il ne croit pas aux "sujets monétaires" ; "ce n'est pas en doublant le RSA qu'on va régler le problème", a-t-il déclaré
Même discours chez Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé, qui en conférence de presse avec le délégué interministériel, Olivier Noblecourt, a abondé : "Les aides monétaires sont indispensables et seront d’ailleurs préservées mais elles ne suffisent pas. Elles ne peuvent être le solde de tout compte de la solidarité".
8,5 milliards d'euros sur quatre ans
Le plan est financé à hauteur de 8,5 milliards d'euros (Md€) sur quatre ans. Le gouvernement présente ces crédits comme des financements nouveaux qui n'incluent pas la hausse de l'AAH ou du minimum vieillesse (Aspa) par exemple. Une affirmation à nuancer toutefois puisque les 8,5 Md€ comprennent bien la hausse déjà annoncée (et amorcée) de la prime d'activité.
Les grandes masses du budget sont les suivantes : d'ici à la fin du quinquennat, plus de 2,1 Md€ seront consacrés à l'enfance et à la jeunesse, plus de 2,5 Md€ à l’accompagnement vers l’emploi et 3,9 Md€ à la revalorisation de la prime d'activité. En fin de montée en charge ("vitesse de croisière"), le plan coûtera environ 3 Md€ par an.
Les associations regrettent l'absence de revalorisation des minima sociaux (lire ici les réactions). Rappelons que le plan pauvreté adopté sous la présidence de François Hollande avait permis une hausse du RSA de 10 % sur la durée du mandat (en plus de l'inflation).
Si les mesures budgétaires ne sont pas au coeur du projet, deux chantiers ont vocation "à transformer en profondeur l'action collective" : la création d'un service public de l'insertion et l'instauration d'un revenu universel d'activité.
Un revenu universel d'activité fusionnant un certain nombre de prestations
Pour sortir du "maquis" des prestations qui empêche aujourd'hui d'enrayer la pauvreté, le chef de l'Etat a annoncé la création d'un "revenu universel d'activité", qui fusionnera "le plus grand nombre possible de prestations, et dont l'Etat sera entièrement responsable".
Une concertation va s'ouvrir dès 2019 sur ce sujet. "Il s’agit tout à la fois de discuter du périmètre de cette nouvelle prestation, de son profil et des spécificités qui correspondent aux besoins de chaque public" (personnes handicapées par exemple), a précisé Agnès Buzyn.