Les innovations sociales frugales n’ont pas toujours la côte auprès des acteurs traditionnels de l’action sociale. Elles peuvent toutefois contribuer à l’équilibre de nos finances publiques, estime Jean-Luc Gautherot, ingénieur social, dans cette nouvelle chronique*.
Dans une période de pénurie financière, une nouvelle façon de répondre aux problèmes sociaux émerge : l'innovation sociale frugale.
De quoi s'agit-il ? D'un agencement de ressources qui existent déjà sur un territoire, agencement créant une solution qui répond efficacement à un problème social pour un coût très faible pour les pouvoirs publics au regard de celui de la solution habituellement utilisée.
Les innovations sociales frugales font mieux avec moins. Mieux parce qu’elles offrent des solutions inclusives, c’est-à-dire dans le milieu ordinaire ; quoi qu’on en pense, c’est ce critère qui détermine aujourd’hui la valeur d’une solution.
Moins, parce qu’elles consomment très peu de deniers publics. Quelques exemples.
Association Lazare
L’association Lazare propose des colocations solidaires à des personnes sans abri selon un modèle économique particulièrement frugal. Des entreprises financent le rachat et la rénovation de bâtiments d'habitation. Des dons de particuliers s’ajoutent à ceux des entreprises.
Les chambres de colocation sont ensuite louées à de jeunes adultes actifs et à des personnes sans abri. Une famille bénévole qui s’engage pour trois ans est responsable de chaque maison. Le système s'autofinance à 66 % grâce aux loyers. Seulement 0,22 % du budget de l’association provient de subventions publiques.
Aujourd’hui Lazare gère 15 sites répartis sur toute la France, plus d’autres sites en Belgique, Suisse, Espagne et Mexique. Le coût de cette solution est ridicule au regard de celui d’une maison relais qui offre un fonctionnement un peu comparable.