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Reportage20 novembre 2020
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Logement accompagné : un tremplin pour de nombreux jeunes

À partir du 23 novembre, démarre la semaine du logement accompagné proposée par l'Unafo. L'occasion de mesurer tous les bénéfices de cet accompagnement des jeunes via le logement. Nous sommes partis à la rencontre d'un foyer et de ses résidents à Paris. Reportage vidéo.

Il a le sourire aux lèvres et se prête avec enthousiasme au jeu des questions-réponses conduit par le journaliste. Amadou, 27 ans, dont trois dans cette résidence parisienne, raconte comment il a été changé par cette expérience (voir la vidéo). « En trois ans, je suis devenu plus tolérant. J'ai appris à mieux gérer mon argent et à dire non parfois. » Et puis, il raconte qu'il s'est fait élire la seconde année au Conseil de la vie sociale (CVS) et qu'il n'a eu de cesse de proposer des activités (cinéma, musée, Escape game...) pour faire participer le maximum de résidents. Pas toujours facile sauf, sourit-il, « quand il y a quelque chose à manger. »

Apprentissage de l'autonomie

Des petits miracles ordinaires comme celui-ci, les gestionnaires de foyers de jeunes travailleurs (FJT) en vivent régulièrement. Les quatre jeunes rencontrés, avec chacun leur histoire, vous le diront volontiers : là, ils ont appris l'autonomie grâce à un accompagnement, ils ont commencé à vivre sans dépendre des autres (une famille d'accueil, des parents qui vous hébergent, des colocataires, etc.). Victoria, une jeune femme de 21 ans qui a longtemps vécu dans une famille d'accueil et qui sait combien la plongée dans la liberté peut être « effrayante », utilisera le mot de « tremplin »  pour désigner cette expérience en résidence qu'elle va quitter dans quelques semaines.

Taille moyenne

Plantons le décor. Nous sommes dans une résidence de taille moyenne (71 chambres), située rue des Poissonniers, dans le 18e arrondissement de Paris. L'Association pour le logement des jeunes travailleurs (ALJT) qui gère cette structure ainsi que quatre autres résidences situées dans le même arrondissement est un acteur important du logement accompagné (1). Celui-ci fait justement l'objet d'une semaine de manifestations à partir de ce lundi 23 novembre (lire encadré).

Lien avec un SAVS

Thibault Patriarche dirige les cinq résidences du 18e (qui totalisent 188 lits) depuis un peu plus de deux ans. La provenance des résidents est très programmée : la moitié viennent de la ville de Paris, un quart de la préfecture et un dernier quart d'Action logement. De façon très originale, le FJT de la rue des Poissonniers accueille en son sein quatre jeunes handicapés qui sont accompagnés par un Service d'accompagnement à la vie sociale (SAVS) présent sur place (mais pas géré par l'ALJT). 

Une solution de logement pérenne

Quand le jeune arrive, il signe un contrat de séjour qui permet de fixer au moins un objectif. « Nous prenons l'engagement de les accompagner pour réussir », explique le directeur. Le premier objectif est évidemment de trouver ensemble une solution de logement pérenne correspondant à leurs moyens - en général limités - et leurs desiderata. Et sur ce plan, l'objectif semble en partie atteint. « Il y a la moitié de sorties en logement autonome, dont un tiers en logement social, comptabilise Thibault Patriarche. D'autres retournent chez leurs parents en province, partent vivre chez un tiers ou alors, c'est plus rare, partent en coupant toute relation. » Le loyer mensuel varie entre 438 € et 566 € suivant la taille du logement. La plupart des résidents touchent les APL et pour certains, le reste à charge est très faible.

Accompagnement social

Dès que le jeune s'installe, il lui est proposé un accompagnement social avec des finalités variables. Pour certains, depuis peu sur le sol national, c'est l'occasion de se familiariser avec les rouages administratifs français. Pour d'autres, tout juste partis de chez eux, il s'agit d'acquérir les outils de l'autonomie, par exemple de gérer son budget personnel. Pour tous, c'est un moment de pause où on s'interroge sur sa vie, ses envies, ses difficultés. La résidence emploie un animateur et un assistant de service social, en plus d'un technicien pour les réparations et une assistante administrative. 

Et le Covid-19 est arrivé...

Évidemment, le Covid-19 a bousculé des tas de choses. Les sorties organisées par le CVS ont été annulées ; les accompagnateurs sont restés chez eux, lors du premier confinement, travaillant à distance ; les jeunes étaient appelés une fois par semaine pour être soutenus et écoutés ; la communication se faisait également via Instagram (recherche d'emploi, vidéos sportives, etc.). Pour autant, malgré le déploiement de moyens, la santé mentale et psychique des résidents a tendance à se dégrader. 

« On ne va pas y arriver » 

Ce constat n'est pas sans rapport avec la situation sociale des résidents qui s'est lourdement aggravée. « Avant le Covid, raconte le directeur, nous comptions 3 % de chômeurs parmi nos résidents. En juillet, nous étions à 20 %. » Comme partout en France, les CDD n'ont pas été renouvelés, les stages et l'intérim sont devenus rares. « J'entends beaucoup de résignation, constate Thibault Patriarche. Les jeunes disent : on ne va pas y arriver. » Alors le FJT multiplie les actions avec la mission locale qui suit déjà de nombreux jeunes. Du parrainage a été mis en place avec l'association Proxité. Une action de coach personnel - financée par l'ARS - a été développée pour que les jeunes reprennent confiance en eux.

Éducation populaire

Covid ou pas Covid, le foyer de jeunes travailleurs joue un rôle d'éducation populaire. Les Promeneurs du Net interviennent pour faire prendre conscience des avantages mais aussi des risques des réseaux sociaux. En 2019, un débat public dans le quartier a été organisé avec un journaliste et un sociologue sur le traitement médiatique de la jeunesse. Et puis, pour les fêtes de fin d'année qui arrivent dans ce contexte très particulier, le FJT va multiplier les animations sur toute une semaine. La lutte contre la solitude n'est pas l'apanage des personnes âgées...           

(1) L'ALJT gère 64 résidences en Ile-de-France (dont 48 FJT), soit 7 000 logements et 300 salariés.

Par ici le programme...

L'Union professionnelle du logement accompagné (Unafo) organise à partir du lundi 23 novembre la semaine du logement accompagné. Dirigé par Arnaud de Broca, l'Unafo regroupe 135 acteurs qui gèrent 140 000 logements (résidences sociales, pensions de famille, foyers de jeunes travailleurs et de travailleurs migrants, etc.).

À noter au programme, le premier jour, une rencontre entre Emmanuelle Wargon, ministre du Logement et le président de l'Unafo. Mais aussi des débats sur l'adaptation de l'accompagnement des résidents en période de crise sanitaire (avec notamment la philosophe Cynthia Fleury, des dialogues avec Denis Piveteau, avec le président du Samu social et la déléguée interministérielle à la lutte contre la pauvreté, etc. Des échanges d'expériences seront également proposés, comme cet atelier d'écriture organisé par l'ALJT avec la Zone d'expression prioritaire (ZEP).

Pour le détail du programme, cliquez ici.  

NoëlBOUTTIER (texte), et Benjamin LENEVEUT (vidéo)
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