Face à "l'échec" de la décentralisation, le militant appelle à rendre à l'État la responsabilité de l'aide sociale à l'enfance (ASE), pour sortir des logiques de silos et rendre la décision au Parlement. L'Élysée en serait également convaincu, selon Lyes Louffok.
La question fait débat, particulièrement depuis la rentrée : faut-il « recentraliser » l’aide sociale à l’enfance, pour mieux la sortir de la crise ? Charlotte Caubel, la secrétaire d’État chargée de l’Enfance, se dit « prête à l’envisager ». Après la tribune libre de Jean-Pierre Rosenczveig et Maxime Zennou, opposés à une telle solution, nous donnons la parole à Lyes Louffok, un ancien enfant placé partisan d’une telle réforme.
Quels avantages présenteraient, selon vous, une recentralisation de la protection de l’enfance ?
Lyes Louffok Avant de parler des avantages, rappelons déjà pourquoi on a décentralisé l’aide sociale à l’enfance (ASE) dans les années 80. L’objectif était alors de « déjudiciariser » la protection de l’enfance. Et force est de constater que cela n’a pas produit les effets escomptés, vu la majorité toujours écrasante des mesures judiciaires, au détriment des décisions administratives (assumées par le président du département avec l’accord des parents, NDLR). Le pacte de la décentralisation était pourtant que « celui qui paie est celui qui décide » : celle-ci est donc un échec.
Mais la décentralisation devait aussi rapprocher la décision des citoyens.
L. L. Et cela a également échoué : il suffit de voir le peu de place accordée à la protection de l’enfance dans les débats des élections départementales. Je vois mal un candidat aller sur les marchés pour parler inceste et placement d'enfants.
Je ne suis pas un opposant à la décentralisation, mais pour cette politique, l’échelon local n’est pas le bon. Dans la vie d’un enfant placé, l’État a un rôle majoritaire, que ce soit pour lui faire bénéficier de l’école, des services de santé, ou de la justice.
Le seul rôle à concéder aux départements est de payer des associations pour s’occuper de ces enfants. Je ne vois pas bien la plus-value.
Certains départements ne vous paraissent-ils pas exemplaires pour la protection de l’enfance ?