Ce 7 décembre, des dizaines de défilés ont eu lieu en France. Des milliers de travailleurs sociaux ont exprimé leur colère devant la dégradation de leurs conditions de travail et l'insuffisance de leurs salaires. Reportage auprès des manifestants à Paris.
« Travailleuse sociale objectrice de conscience. » Avec son tee-shirt blanc barré de ce slogan, Marion semble un peu perdue au milieu de la foule qui piétine devant le ministère des Solidarités, en fin de manifestation. Quelque chose en elle s'est envolé : l'espoir de « bien faire le job ». Marion raconte son histoire avec une infinie tristesse.
Plus de mal que de bien
« Je suis éducatrice en milieu ouvert depuis huit ans, dans le Val-de-Marne. Mais cela fait un an que je ne travaille plus. Ce n'est plus possible. » Elle explique son burn-out : « Nous intervenons auprès des familles dans l'urgence, alors qu'il faudrait travailler avec chaque jeune, sur son projet. J'ai le sentiment que mon action fait plus de mal que de bien. Il faut faire du chiffre, voilà tout. »
Espoir du monde d'après
Marion revient sur sa grande désillusion. « J'ai cru au discours sur le "monde d'après". Je pensais qu'on travaillerait différemment, avec plus de solidarité entre familles et professionnels. En fait, on est reparti comme en quarante. C'est dégueulasse, la façon dont on fait notre travail. Sur les neuf éducateurs de mon service, cinq sont en burn-out. » Et d'ajouter : « J'ai toujours envie d'être éduc, mais pas comme cela. »