Fin juin, se sont tenues dans les Landes les États généraux de l'écologie du soin pour promouvoir une autre conception de la prise en charge des vulnérabilités, en privilégiant des approches coopératives avec les familles et les usagers. Les explications de l'ancienne ministre Marie-Anne Montchamp, à l'origine de l'initiative.
Comment pourrait-on définir cette notion d'écologie du soin ?
Marie-Anne MontchampVous avez bien compris qu'il ne s'agit pas de recycler les pansements… Je me suis nourrie de mes échanges avec la philosophe Cynthia Fleury qui est intervenue lors des États généraux sur la notion du « climat du soin ». Celle-ci, notamment développée par l'école moderne de psychanalyse, vise à penser l'articulation entre la façon dont on organise le soin (au sens large) et l'effectivité de celui-ci. L'enjeu, c'est de comprendre comment le soin est dispensé et comment il est reçu par son destinataire.
Excusez-moi, mais cela paraît évident...
M.-A. M.Sur le papier, sans doute. Mais l'industrialisation des soins et les mécanismes de tarification sur le modèle de la T2A conduisent à s'éloigner totalement de ces principes. Je pense que des notions comme la « distance thérapeutique » ou la « bonne distance » ne permettent pas de construire une relation de confiance. L'approche industrielle peut se concevoir pour des opérations comme l'appendicite ou les AVC, mais dès qu'on sort des urgences, l'organisation normative du soin peut représenter un coût en termes de perte de chance pour le patient. Voilà pourquoi on parle de « sans-solution ».
Comment dès lors changer de paradigme ?