La mesure d’impact social est encore timide dans le secteur social et médico-social. Pourtant, loin d’être un outil de contrôle ou d'analyse de performance à l’image de ce qui se fait dans le secteur lucratif, cette démarche s’avère utile pour mieux comprendre son action et piloter son activité. Elle est aussi un outil de plaidoyer.
« C’est joli de vouloir monter des projets mais si on ne mesure pas leur impact social, on ne sait pas si ça vaut le coup ou pas ! ». Victoria Mandefield, fondatrice et directrice de l’association Solinum est un brin provocatrice mais sa formule résume bien l’esprit de la démarche de mesure de l'impact social.
Valider la pertinence du projet
Dès la création de Solinum en 2016, l’ingénieure de formation avait en tête l’idée de mesurer « l'efficience » de ses projets. Alors, quand il a été question de déployer dans toute la France la solution Soliguide, un outil de géolocalisation des aides destinées aux personnes sans abris, elle s’est lancée.
« Nous voulions valider la pertinence du projet. Cette mesure a confirmé que Soliguide améliore l’accès aux services et instaure une relation de confiance entre les travailleurs sociaux, explique-t-elle. La mesure d’impact, on voit souvent ça comme une mesure externe, mais c'est surtout un outil de pilotage interne pour s’améliorer en continu ».
Évaluer les effets positifs ou négatifs
Concrètement, la mesure d’impact social consiste à évaluer les effets positifs ou négatifs, attendus ou inattendus, directs ou indirects sur toutes les parties prenantes des activités d’une organisation. Parmi les questions posées, par exemple : les parcours proposés permettent-ils une réelle inclusion ? Comment se fait l’intégration dans le logement ? En quoi le service apporte-t-il de l’autonomie ou améliore-t-il le bien-être psychique ?
« Un rapport d’activité ne répondra jamais à ces questions », souligne Adrien Casseron, adjoint à la direction offre sociale et médico-sociale de Nexem.
Une pratique encore rare
Le concept d’impact social existe depuis les années 70 dans le monde anglo-saxon, mais il est apparu en France récemment, au début des années 2010.