Associer une action d'aller-vers et une mise à l'abri, c'est l'originalité du dispositif créé par la Ville de Paris et porté depuis 2021 par Aurore et Hors la rue pour apporter soins et protection à des adolescents en errance, originaires du Maghreb et refusant les dispositifs classiques de protection.
En retrait des boulevards maréchaux parisiens, dissimulé derrière des entrées de parking, se trouve un lieu de mise à l'abri de 12 places réservé à un public très spécifique de mineurs en errance.
« Ce sont des jeunes maghrébins et souvent marocains, de 14 à 17 ans, qui ont quitté leur pays pour venir en Europe et se déplacent en groupe d'un pays à l'autre sans projet précis. Ils traînent à Barbès, au Trocadéro, vont de squats en squats, commettent des vols et des délits, parfois sous l'emprise d'adultes, et se shootent aux médicaments et aux psychotropes », résume Léon Gomberoff, directeur d'activité à l'association Aurore.
Des comportements violents
Confrontée dès 2016 à la présence de ce public très jeune dans ses rues, et sommée de les prendre en charge et de mettre fin à leurs délits, la Ville de Paris, dans sa compétence de protection de l'enfance, se heurte à une difficulté : « Le recours aux dispositifs classiques de mise à l'abri est un échec. Les jeunes ne veulent pas y aller ou mettent en difficulté les structures par leurs comportements violents et leurs conduites à risques », rapporte Abdelaziz Ramzi, chargé de mission MNA à l'aide sociale à l'enfance (ASE) de Paris.
Le responsable d'Aurore confirme : « Ils ont des comportements de groupe difficiles à contenir. Donc un CHU classique avec un veilleur de nuit ne suffit pas, il faut des éducateurs aguerris et qui connaissent ce public. C'est très différent des jeunes MNA africains, qui eux sont demandeurs d'être protégés et s'adaptent très bien dans les structures d'accueil ».
Maraude et mise à l'abri

La Ville de Paris décide alors de créer une réponse sur mesure pour ce public. « Il fallait à la fois un travail de rue pour repérer les jeunes le plus tôt possible, et un lieu d'accueil inconditionnel pour les protéger, les sortir de l'espace public et éviter un ancrage dans l'errance et les addictions », explique Abdelaziz Ramzi.