Centre d’hébergement de la Maison des femmes de Saint-Denis (93), lieu d'accompagnement pluridisciplinaire, "Mon Palier" accueille des jeunes filles victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales. L’établissement a fait évoluer son projet en tenant compte des besoins spécifiques de ce public.
Installée face à la porte du bureau de l’équipe socio-éducative, Clémentine Varlot, conseillère en économie sociale familiale (CESF), est à une place stratégique pour saisir les allées et venues au sein du centre d'hébergement d'urgence (CHU) « Mon palier », ouvert en 2022. Pile entre les escaliers qui mènent aux logements, et à quelques mètres de la porte d’entrée de cet établissement, qui accueille des jeunes filles victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales.
Ce poste d’observation lui permet de noter si Fanta, Lou ou une autre des 24 jeunes filles hébergées (âgées de 18 à 25 ans, sans enfant) a bien dormi sur place, est en retard pour partir à sa formation, semble particulièrement renfermée… L’échange se réduit souvent à un « bonjour » quand il n’est pas encore plus furtif, comme une porte claquée.
Des appartements partagés
« Après un fonctionnement en diffus dans des hôtels à Paris, le CHU, dont l’adresse est confidentielle, a investi voilà deux ans ce petit immeuble d’une commune de Seine-Saint-Denis, qui compte 6 petits appartements (30 m2, avec cuisine et salle de bains), chacun partagé par 4 colocataires », explique Olivia Gayraud, cheffe de service.
Ce matin, la CESF Clémentine Varlot profite du passage de Fanta (*) pour tenter de la convaincre de participer à une sortie collective organisée le lendemain au centre équestre de la Villette (Paris). Fanta a « mal au ventre », n’est pas sûre d’être disponible, laisse entendre qu’elle donnera sa réponse plus tard. Sans se décourager, la professionnelle répète l’invitation.
Un rythme propre
Il est déjà 11 heures mais personne, à part Fanta, ne se montre. « Quelques jeunes filles sont occupées en journée à l’extérieur et partent tôt, mais sinon, le centre commence vraiment à s’animer vers 15 heures car beaucoup d’entre elles sont éveillées la nuit et dorment une partie de la journée », explique Léa Doucet, éducatrice spécialisée.
Dépression, vie nocturne propre à leur âge, sollicitations des réseaux sociaux… Les jeunes filles semblent vivre à un rythme qui leur est propre, parfois en lien avec des conduites à risques, qu’il s’agisse d’addictions ou des errances de nuit.