L’engagement des usagers de drogues auprès de leurs semblables peut leur permettre de se libérer des stigmatisations, comme il vient d’être rappelé au congrès de la Fédération addiction. Mais ils peuvent aussi constituer un "sous-prolétariat" face aux travailleurs sociaux diplômés.
« Je suis chef de service, à la fois d’un Csapa [centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie] et d’un ACT [appartement de coordination thérapeutique] », chez Oppelia. Mais « je suis aussi une personne consommatrice et président d’une association de drogués ». Ainsi se présente Pierre Chappard, à la tribune du congrès de la Fédération addiction, le 13 juin à Bordeaux.
Identités multiples
Invité à une table ronde consacrée à la pair-aidance, le président de Psychoactif livre là un premier exemple de travailleur pair en addictologie, mais aussi de ces « identités multiples et plurielles » qui caractérisent, également, les usagers de drogues, comme l’observe aussitôt la sociologue Marie Jauffret-Roustide. « De multiples identités c’est aussi un processus pour échapper à la stigmatisation », lui confirme Pierre Chappard.
Et puisque leur conférence doit explorer, justement, comment mobiliser les « savoirs expérientiels » pour parvenir à un « empowerment » des personnes, l’animatrice invite d’abord ses intervenants à décrire toutes les stigmatisations que les « drogués » peuvent endurer.