Les travailleurs sociaux aussi méritent des applaudissements. Avant le confinement, nous sommes partis à la rencontre de professionnels qui se passionnent pour leur métier et qui défendent ses valeurs. Aujourd'hui, Jermain Roqueplan, assistant de service social chez Médecins du monde, nous raconte son parcours et son envie de faire bouger les lignes.
Si l'on devait résumer le parcours de Jermain Roqueplan en un mot, ce serait sans hésiter l'engagement. Aujourd'hui assistant de service social chez Médecins du monde à Marseille, le jeune homme a suivi la voie du travail social pour devenir « acteur du changement » en œuvrant auprès des plus précaires.
L'attrait pour le secteur de la santé
Jermain Roqueplan s'est d'abord orienté vers des études en sociologie « pour analyser le monde social ». C'est finalement « l'envie et le besoin d'être acteur du changement social » qui le pousse à passer le concours d'assistant de service social. Après un passage à la Cimade et parce que le secteur de la santé l'intéresse particulièrement, il rejoint le centre de santé de Médecins du monde de Saint-Denis (93). Là-bas, il se confronte aux réalités du terrain, dans une structure où l'accès aux soins « relève plus de l'humanitaire ».
Direction Marseille
Trois ans plus tard, direction Marseille, toujours chez Médecins du monde. Dans la cité phocéenne, les problématiques sont différentes mais la précarité est tout aussi prégnante. Dans le troisième arrondissement, où est implanté le centre de santé, « la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté », explique Jermain Roqueplan. Le public accueilli, constitué en grande majorité de personnes en situation irrégulière originaires du Maghreb et des Comores, est en revanche « plus fixe et moins isolé ». Épargnée par l'urgence qui règne en région parisienne, l'équipe de Marseille dispose de temps pour mener à bien des projets.
Une « Pass de ville »
C'est comme ça qu'est né le projet innovant d'une « permanence d'accès aux soins (Pass) de ville » et dont Jermain Roqueplan est aujourd'hui partie prenante. En principe, les Pass sont rattachées à des hôpitaux et la plupart du temps engorgées. L'idée de la « Pass de ville », c'est au contraire de permettre l'accès direct aux soins des plus précaires, via la médecine de ville. Pour ce faire, Médecins du monde a conclu un partenariat avec l'Union régionale des professionnels de santé médecins libéraux de Paca.
Depuis début 2019, l'équipe accueille quotidiennement une quarantaine de personnes sans couverture sociale. En tant qu'assistant de service social, Jermain Roqueplan se livre à un entretien d'éligibilité à une couverture santé et accompagne les personnes de la constitution de leur dossier de sécurité sociale jusqu'à son dépôt.
Une vingtaine de partenaires
Parallèlement, un médecin généraliste accueille chaque matin les personnes dont l'état de santé ne nécessite pas de soins urgents, avant de les orienter vers des professionnels libéraux selon leurs besoins. Les patients peuvent avoir gratuitement accès à toute une gamme de soins, grâce à des partenariats conclus avec une vingtaine de professionnels locaux allant du dentiste au laboratoire d'analyses. Leurs actes sont remboursés une fois l'accès à la couverture maladie validée.
Un droit fondamental
C'est l'idée de « permettre l'accès à un droit fondamental », la santé, qui guide Jermain Roqueplan au quotidien. L'assistant de service social avoue toutefois une légère frustration : ne pas pouvoir accompagner les personnes sur le long terme. Mais il en est convaincu : l'action qu'il mène aux côtés de l'équipe, composée d'une chargée d'accueil, d'une chargée de projet et d'une quarantaine de bénévoles, « fait bouger les lignes ». D'autant que le milieu associatif est, selon lui, « la seule réponse » au problème de la précarité.
Notre série de portraits de travailleurs sociaux :
- Épisode 1 : Karima Ladjel, monitrice-éducatrice dans une résidence sociale
- Épisode 2 : Sabrina Hirsch, aide à domicile
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