Alors que l'inquiétude monte dans les centres d'hébergement pour sans-abri face au Rassemblement national, la Fédération des acteurs de la solidarité prépare un "espace de protection" pour ses éventuelles victimes. Son président Pascal Brice appelle à "réapprendre à dire non".
À quelques jours du second tour des législatives, par lesquelles l’extrême droite pourrait prendre le pouvoir en France, quel est l’état d’esprit dans les centres d’hébergement et les accueils pour sans-domicile, à travers votre réseau ?
Pascal Brice Lors de mes déplacements, comme dans mes discussions avec nos adhérents, je ressens tout d’abord de l’angoisse, de l’inquiétude – de la part des personnes accueillies, et pas seulement les étrangères, mais aussi chez les professionnels et les bénévoles, ainsi que chez les dirigeants des associations.
Et je note souvent de l’incompréhension. Comme si les gens étaient tétanisés.
Observe-t-on aussi un racisme qui se libérerait chez certaines personnes précaires ?
P. B. Évidemment, sans surprise, parmi les personnes accueillies, et même parmi les travailleurs sociaux, qui restent des précaires parmi les précaires, certains sont sensibles à ce que véhicule le RN. Ce n’est pas du tout dominant, et ça ne s’exprime pas beaucoup. Mais on sait que ça existe.
Rien d'étonnant, lorsque l'on sait que la vocation de l'extrême droite est de réduire les personnes à de supposées catégories, pour les hiérarchiser et désigner des boucs émissaires.
C'est pour nous une incitation à la lucidité sur ce qui travaille la société, et que l'extrême droite instrumentalise.