Pour ce 7e épisode, nous sommes allés à la rencontre d'Angelika Osmane, auxiliaire de vie à Caen chez Domidom, filiale d'Orpea. Alors que les manifestations contre la réforme des retraites s'enchaînent en France depuis des semaines, elle nous a raconté "sa" grève : 45 jours de mobilisation continue, l'an dernier, pour obtenir enfin un salaire décent.
La pénibilité de leur métier, leurs carrières incomplètes et hachées, en font des grandes perdantes de la réforme des retraites contre laquelle une partie du pays s'est mobilisée ces dernières semaines sans relâche : les aides à domicile, ou auxiliaires de vie, ont sans doute figuré parmi les protestataires qui défilaient chaque semaine, un peu partout en France.
Ces professionnelles font-elles pour autant grève ? Pas si sûr, tant leurs salaires et, bien souvent, leur situation familiale, leur interdisent toute heure de rémunération perdue - sans compter la difficulté à « abandonner » provisoirement les bénéficiaires qu'elles accompagnent au quotidien.
45 jours de grève
Angelika Osmane, ainsi qu'une dizaine de collègues de l'agence Domidom de Caen, où elle exerce, ont pourtant tenu bon, l'an dernier. 45 jours sur leur piquet de grève, grâce à leur détermination, aux soutiens locaux et syndicaux, à la solidarité citoyenne.
45 jours de bras de fer avec la direction d'Orpea (propriétaire de Domidom), qui a mis un moment à prendre la mesure du mouvement.
Se faire entendre
« Cela faisait plus d'un an qu'on revendiquait des revalorisations de salaires, une augmentation des frais kilométriques : on avait l'impression de pas se faire entendre », se souvient Angelika, au micro de notre journaliste Laetitia Delhon.
Le 18 octobre 2022, au soir d'une mobilisation nationale autour de la hausse des salaires, dans un contexte fortement inflationniste, une collègue l'appelle et lui propose de lancer « leur » grève, illimitée.
Le lendemain, 14 auxiliaires de vie de l'agence de Caen sont au rendez-vous.
Jusqu'au siège d'Orpea
Aucune n'a l'expérience de la mobilisation, les débuts sont improvisés. Viennent le soutien des syndicats, puis la médiatisation, avec l'intervention de personnalités politiques.
Au 43e jour, « on en a eu marre », raconte Angelika Osmane. Les voilà parties faire le siège d'Orpea, à Puteaux. Elles obtiendront gain de cause : une augmentation non négligeable de leur salaire, mais aussi, entre autres, la revalorisation de leurs frais kilométriques.
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Au retour à Caen, c'est devant leur agence que les auxiliaires de vie fêteront la victoire, avec leurs soutiens. Car, outre l'amélioration de leur condition, c'est un lien de solidarité très fort qu'ont aussi gagné les grévistes, au fil de leur aventure.
Dommage, regrette toutefois Angelika Osmane, « de devoir faire 45 jours de grève pour faire entendre que l'aide à domicile doit être reconnue ».
Pour écouter l'épisode, c'est ici que ça se passe :
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