« Restez chez vous ! » Le mot d'ordre est décliné sur tous les écrans, et sur tous les tons, pour faire barrage au Covid-19. Et pour cause : le confinement s'avère être l'un des rares moyens à notre disposition pour freiner la propagation du coronavirus. Il reste que cette règle de prévention jette une lumière crue sur nos inégalités, notamment de logement. Car à l'usage, il s'avère plus facile d'éviter le coronavirus dans une villa avec jardin que dans un studio surpeuplé, ou seul sur un banc public.

Combien en France doivent ainsi cultiver la « distanciation sociale » en étant mal, ou pas logés du tout ? La Fondation Abbé Pierre fait le calcul chaque année, notamment à partir des dernières enquêtes disponibles de l'Insee - qui remontent à 2012 et 2013 ! Ainsi dans son dernier rapport pour 2020, sont décomptées 902 000 personnes privées de logement personnel (ici représentées en tons rouges). Parmi elles, quelque 140 000 sans-domicile doivent veiller aux « gestes barrières » en restant à la rue, ou en rejoignant les hébergements qui leur sont ouverts - dont des « centres de confinement »,  pour les personnes atteintes sans gravité. Et dans ce même groupe, près de 650 000 se retrouvent à cohabiter, désormais en permanence, chez des tiers - qu'ils aient ou non un lien de parenté.

A ceux-là s'ajoutent presque 3 millions de personnes logées certes chez elles, mais dans des conditions « très difficiles » (ici en tons orangés) : plus de 900 000 vivent ainsi dans le surpeuplement, et pas loin de 2 millions connaissent d'autres situations d'inconfort, de l'absence de douche à la privation de cuisine. Pour tous ces mal-logés, sans doute, le Covid-19 sera plus difficile à garder à distance.

Infographie réalisée par Olivier Bonnin

Source : Fondation Abbé Pierre