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Prostitution des mineurs : à Nice, des maraudes en ligne

Longs FormatsNina HUBINET04 avril 2024
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De plus en plus de mineurs proposent des "services sexuels" sur Internet, qu’il s’agisse de sites pour adultes ou de réseaux sociaux. Une association niçoise a mis en place des "maraudes en ligne", pour tenter d’entrer en contact avec les jeunes concernés.

Téléphone, tablette et ordinateur portable trônent sur leurs bureaux : comme n’importe qui aujourd’hui, Prisca Maroni, éducatrice spécialisée, et Émilie Durot, assistante sociale, au sein de l’association ALC (Agir pour le lien social et la citoyenneté) à Nice, travaillent avec ces outils numériques. Mais elles les utilisent plus pour surfer sur des « sites pour adultes » et faire défiler les profils sur Instagram, que pour répondre à des mails.

Les deux jeunes femmes, âgées respectivement de 28 et 23 ans, ont en effet pour mission d’effectuer des maraudes en ligne, à la recherche des adolescents ou adolescentes « en situation d’exploitation sexuelle ».  « Là par exemple, elle dit avoir 21 ans mais on se demande si elle n’est pas plus jeune », explique Émilie en montrant les photos d’une jeune fille dont les sous-vêtements aguicheurs et le maquillage appuyé ne parviennent pas à masquer un visage enfantin.

Des indices sur l'âge

Sur les sites « pour adultes » et les réseaux sociaux, Émilie Durot et Prisca Maroni cherchent à identifier, au-delà de l'âge officiel affiché, les jeunes filles qui sont en réalité mineures. Valérie Vrel pour Le Media Social

Son annonce de prestations sexuelles figure parmi des centaines d’autres sur Tescort, l’un des « sites pour adultes » sur lesquels Émilie et Prisca passent une partie de leurs journées. « On sélectionne la catégorie 18-22 ans et on regarde les photos, mais aussi beaucoup les commentaires des "clients". Parfois, ils disent que la fille qu’ils ont rencontrée avait l’air plus jeune que l’âge affiché sur l’annonce. »

C’est l’un des « indices » qui attirent l’attention des deux travailleuses sociales, chevilles ouvrières du projet Inside, lancé il y a un an pour établir un diagnostic sur la prostitution des mineurs dans les Alpes-Maritimes, et mettre en place des dispositifs pour la combattre (lire notre encadré ci-dessous).

Obtenir une accroche

Une fois un profil repéré, elles tentent d’établir un premier contact. « Comme il y a les numéros de téléphone sur ces sites, on envoie un premier message très simple pour se présenter et proposer du "matériel de prévention" : des préservatifs, des lingettes, du gel intime , raconte Prisca. On dit assez rapidement qu’on travaille pour une association et qu’on est là pour aider. »

La grande majorité de leurs messages restent sans réponse. Parfois, le numéro est celui d’un proxénète, et elles reçoivent un message standard avec les « tarifs des différentes prestations », s'amuse Prisca.