Près de 10 000 jeunes confiés à l’aide sociale à l'enfance se retrouveraient à l’hôtel, un « lieu fondamentalement inadapté », déplore l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Sans en demander l'interdiction, elle recommande des alternatives et un encadrement.
Le drame était survenu dans un hôtel de Suresnes, non loin de La Défense, un matin de décembre 2019. D’un coup de couteau, un adolescent de 15 ans en avait tué un autre, âgé seulement de 17 ans. Les deux mineurs avaient cette particularité : ils avaient été placés ici par l’aide sociale à l’enfance (ASE) des Hauts-de-Seine.
Comment un jeune protégé avait-il donc pu être ainsi tué dans un hôtel ? Au-delà de l’enquête de police, la ministre des solidarités avait alors voulu interroger l’inspection générale des affaires sociales (Igas). Agnès Buzyn et son secrétaire d’État Adrien Taquet lui avaient confié cette mission : mesurer, enfin, le recours aux « structures non autorisées ou habilitées » par les services d’ASE à travers la France. Son rapport, publié le 25 janvier, en livre des estimations préoccupantes.
5 % des mineurs confiés à l'hôtel
Selon les réponses obtenues de 29 départements, parmi tous les mineurs qui leur étaient confiés le 31 décembre 2019, presque 3 000 dormaient à l’hôtel. Cela représentait pas moins de 5 % des enfants accueillis ce soir-là. L’Igas extrapole cette proportion à la métropole, et évalue de 7 500 à 10 500 le nombre de mineurs hébergés alors à l’hôtel.