La Fédération hospitalière de France (FHF) a présenté, le 28 avril, ses pré-requis pour le déconfinement du système hospitalier. Elle plaide pour la réouverture des Ehpad dans un cadre sécurisé.
Permettre la reprise des activités dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Tel est l'un des huit pré-requis exigés par la Fédération hospitalière de France (qui représente les hôpitaux et établissements médico-sociaux publics) pour « envisager un déconfinement sécurisé et progressif ». Rassemblées dans un document, ces propositions ont été présentées par Frédéric Valletoux (président de la fédération) et son équipe le 28 avril lors d'une visioconférence.
Admissions suspendues
Alors que depuis près de deux mois, l'admission de nouveaux résidents en Ehpad est suspendue, la relance de l'activité de ces structures est « primordiale pour assurer une reprise efficace de l'activité sanitaire », plaide le document. En clair, la réouverture des Ehpad à des personnes sortant de l'hôpital ou venant de leur domicile doit permettre de relancer « la fluidité » de la prise en charge des personnes âgées dans les territoires.
Redonner confiance
Mais comment opérer cette réouverture alors que de nombreux décès du Covid-19 ont encore lieu chaque jour dans les Ehpad et qu'une deuxième vague de l'épidémie est probable ? En « redonnant confiance » aux professionnels et aux usagers, défend Marc Bourquin, conseiller stratégique de la fédération, par des garanties sur la sécurité sanitaire de l'établissement.
Tests systématiques
Plusieurs conditions doivent être réunies pour assurer cette sécurité. Première d'entre elles, tester systématiquement les personnes âgées et définir une zone Covid + dans les structures. Autre incontournable : renforcer les équipements de protection individuels (masques, blouses...) et poursuivre l'attribution de moyens supplémentaires en personnel via la réserve sanitaire, les professionnels libéraux, les personnels mis à disposition par les groupements hospitaliers de territoire (GHT).
La FHF suggère aussi de mobiliser l'appui de la filière gériatrique (hotline, télésoins et télémédecine, hospitalisation à domicile). En effet, « les Ehpad inscrits dans une filière gériatrique et en lien avec un établissement de santé ont mieux tenu que ceux qui ne l'étaient pas », justifie Marc Bourquin.
Prévenir les effets indirects du confinement
Enfin, « il faut être très attentif au risque d'une deuxième vague de pathologies liées aux effets indirects du confinement, en particulier l'impact de l'isolement chez les personnes âgées », poursuit-il. Pour prévenir ces risques, il propose la mise en place d'une « consultation longue et pluridisciplinaire » de sortie de crise pour les résidents de façon à faire le point sur leur situation psychologique et somatique. « Cela permettrait d'identifier les renoncements à certains soins pendant la crise, en particulier pour les personnes souffrant de pathologies chroniques et de mettre en place un accompagnement humain adapté ».
Compenser les pertes de recettes
Au-delà de la sécurisation sanitaire, la réouverture des Ehpad porte aussi des enjeux financiers. Pour Marc Bourquin, il faut désormais apporter une « tranquillité d'esprit » aux gestionnaires sur les ressources de leurs établissements en garantissant la compensation des pertes de recettes liées à l'épidémie. Car celles-ci peuvent être très importantes dans certains territoires : ainsi « un Ehpad de 90 lits a dû engager 22 professionnels supplémentaires, ce qui représente 50 000 euros par mois. Si l'on y ajoute les baisses de ressources liées à l'absence de nouvelle admission, la perte s'élève à 100 000 euros », raconte-t-il.
Inégalités territoriales
Mais à ce jour, « nous n'avons aucune instruction précise de la part des pouvoirs publics sur la compensation de cette baisse d'activité », déplore Marc Bourquin, qui juge ce silence de l'exécutif « inquiétant ». Pour la FHF, les pertes et surcoûts doivent être intégralement compensés par la solidarité nationale via le déblocage de crédits non reconductibles des agences régionales de santé. Pas question de renvoyer les structures vers les conseils départementaux, au risque de « créer de profondes inégalités entre les territoires », alerte-t-il.
Une prime pour tous
Les professionnels des maisons de retraite publiques percevront-ils une prime identique à celles des hospitaliers ? C'est en tout cas ce que réclame la FHF qui rappelle que « les hôpitaux et les Ehpad forment un tout et que les professionnels de ces établissements ont été au front et doivent tous bénéficier du même traitement dans la même temporalité ». Dans l'attente du décret sur les modalités de cette prime, la FHF rappelle la règle annoncée par le Premier ministre le 15 avril, à savoir que les personnels travaillant dans les départements les plus touchés percevront 1500 euros, contre 500 euros pour les autres.
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