Cet hiver plus que jamais, l’hébergement d’urgence est saturé. Par des personnes pourtant éligibles au logement social et aussi par des personnes sans-papiers qui ne sont, elles, éligibles à aucun autre dispositif. La question de l’avenir du secteur s’invite ainsi dans le débat, explosif, sur l’immigration.
Le paradoxe est souligné par les observateurs de la question du sans-abrisme : alors qu’il n’y a jamais eu autant de places d’hébergement d’urgence ouvertes - près de 200 000 (contre 150 000 en 2019 selon le gouvernement) -, des camps de fortune sont régulièrement démantelés, des familles dorment sur les trottoirs et le 115 semble à bout de souffle.
Mais la situation est-elle réellement nouvelle ? « Pas totalement », répond Florian Guyot, directeur général (DG) de l’association Aurore. En effet, il signait, il y a exactement un an, une tribune attirant l’attention sur ce même paradoxe.
Un futur observatoire
Néanmoins, le DG d’Aurore estime que, depuis, sur le fond, « des choses ont avancé, comme la non-fermeture des places ouvertes pendant la saison hivernale et donc l’abandon de la gestion au thermomètre (avec tout de même l’ouverture, en parallèle, de places "grand froid" quand les températures chutent, par exemple début décembre 2022 et mi-janvier 2023) ».
Autre point positif : « l’ouverture à venir, sous la responsabilité de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), d’un observatoire du sans-abrisme », qu’il appelait de ses vœux dans sa tribune. « Cet outil devrait nous permettre de prévoir plutôt que de toujours devoir nous adapter à l’urgence, et même de mieux comprendre les causes des variations des besoins. Mais il faudra certainement attendre plusieurs années avant qu'il ne donne sa pleine mesure », anticipe-t-il.
Des initiatives multiples
Ces derniers mois, de nouvelles places ont vu le jour ou ont été redistribuées, sur la base d'initiatives interministérielles, notamment en direction des femmes victimes de violences conjugales ou de jeunes mamans sortant de maternité. D'autres ont été ouvertes par des collectivités territoriales, des institutions ou encore sous l'impulsion d'initiatives citoyennes.
Sophie Lascombe, directrice régionale Habitat et Santé au sein du Groupe SOS Solidarités, coordonne l’un des centres médico-sociaux ouverts fin 2022 par l’agence régionale de santé (ARS) Île-de-France et l’AP-HP. Ces structures, situées dans des hôpitaux, sont dédiées à des personnes qui après un long séjour hospitalier, ne nécessitent plus que des soins légers mais sont sans solution d’hébergement à leur sortie.