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"Santé Protégée" : systématiser le soin pour les enfants de l'ASE

Longs FormatsElsa GAMBIN07 novembre 2024
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Arrivé au terme de son expérimentation initiée en 2019, le dispositif "Santé Protégée", déployé dans quatre départements, semble avoir trouvé sa place et sa légitimité dans les territoires concernés. Parmi les indicateurs positifs relevés, une baisse des hospitalisations des enfants relevant de l’aide sociale à l’enfance. Sa généralisation est prévue pour 2026.

Comment appréhender la santé globale des enfants de la protection de l’enfance, suivis par les services sociaux pour mille raisons (et carences) différentes, hélas souvent ballottés de familles d’accueil en foyers provisoires, parfois envoyés dans un département voisin du leur, et victimes de l’important turn-over des travailleurs sociaux ?

C'est le défi auquel se sont attelés quatre départements (la Loire-Atlantique, la Haute-Vienne, la Seine-Saint-Denis et les Pyrénées-Atlantiques), avec, pour tous, un bilan positif à l'arrivée. 

Une belle surprise 

Grâce à la coordination du parcours de soins de ces enfants protégés (1) via un bilan obligatoire auprès de médecins généralistes, ophtalmologistes, dentistes, psychomotriciens, ergothérapeutes et autres professionnels de santé, « nous avons observé une baisse significative des hospitalisations des enfants, explique la docteure Gaëlle Pendezec, médecin référent protection de l'enfance au conseil départemental de la Loire-Atlantique. On ne pensait pas observer cette baisse si tôt, c’est une vraie belle surprise. Tous les indicateurs sont positifs », complète-t-elle.

Aujourd’hui, en Loire-Atlantique, 4 635 mineurs sur 6 000 sont rentrés dans le dispositif, qui implique quelque 450 médecins, une centaine de psychologues, et des dizaines d’autres spécialistes.

Systématiser le bilan médical

L'expérimentation Santé protégée permet la mise en œuvre d'un check-up le plus complet possible des enfants suivis par l'aide sociale à l'enfance, auprès de médecins généralistes et spécialistes. PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPPP

Impulsée par le département de Loire-Atlantique, puis chapeautée par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) qui avait lancé un appel à projet innovant en santé, l’expérimentation « Santé Protégée » est née en partie grâce aux professionnels de l’unité d’accueil pédiatrique des enfants en danger (UAPED) du CHU de Nantes.

« Nous réfléchissions à la manière d’évaluer systématiquement ces enfants, de rendre possible un bilan sur leurs besoins en santé globaux, tant physiques que psychiques », résume la docteure Pendezec. Avec à la clef une réelle augmentation de la prise en charge en médecine générale et pédiatrique. « Il s’agit de faire un bilan de santé mais aussi de prévention. On sait que pour des parents dans une grande précarité notamment, le soin et ses coûts associés ne peuvent être une priorité. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en mettant le paquet sur la prévention, et bien on évite des placements. »

Pas une priorité

La médecin se rappelle ce jeune très agité et ces professionnels de terrain démunis, « puis il y a eu un bilan auditif et on s’est rendu compte que c’était simplement parce que l’enfant entendait mal ».