Notre série "à voix haute" donne la parole à celles et ceux que l'on entend peu : les "personnes accompagnées". Au début des années 2000, Thierry Delval était éducateur. De violentes bouffées délirantes l’ont conduit à être hospitalisé en établissement public de santé mentale. Et à passer soudainement de personne accompagnante à personne accompagnée.

« Je crois que c’est le fait d’avoir été éduc qui m’a sauvé », annonce Thierry sans autre forme d’introduction. Le soixantenaire revient de loin. Après un début de vie ordinaire, un travail, un mariage, des enfants, tout a dégringolé d’un coup. Au point qu’il a cru ne jamais pouvoir s’en remettre, ne pas être en capacité de survivre avec autant de bagage psychiatrique à porter.

Débuts à l’usine

La vie du jeune adulte qu’il était à la fin des années 1970 commence à l’usine. Ouvrier spécialisé, il s’attelle chaque jour à fabriquer des frigidaires. Et surtout, découvre le militantisme syndical. Il se lie d’amitié avec un militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), venu là pour animer des temps d’activité culturelle sur la pause du midi. « Pourquoi tu ne serais pas animateur ? », lui lance-t-il un jour, et voilà la carrière d’ouvrier de Thierry qui prend un virage social.

Engagement

Dès son origine, il lie donc social et engagement, ce qui marquera l’ensemble de sa carrière. « Pour moi, social et militantisme sont intimement liés. Il s’agit d’être acteur de la transformation des autres et de la société, à son niveau. Aujourd’hui, on a de plus en plus de techniciens du social. Je crois qu’on a été la dernière génération où les travailleurs sociaux étaient militants en masse. »