Le recours aux travailleurs intérimaires dans le secteur social et médico-social s’accentue depuis plusieurs années. Face à cette situation, les acteurs associatifs créent des coopératives pour contrer la voracité du secteur privé lucratif et maintenir les professionnels dans la filière. Mais les alertes restent vives en protection de l’enfance.
Elsa, 24 ans, éducatrice spécialisée diplômée en 2022, a déjà deux postes derrière elle, dont un en CDI. « C’était dans un centre social, le travail me plaisait mais la direction ne me soutenait pas au niveau des principes éducatifs, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde », décrit-elle.
Elle y restera trois mois avant de se tourner vers l’intérim. « Je me suis dit que cela me permettrait de vivre d’autres expériences, de découvrir les acteurs locaux et de me faire un réseau, moi qui viens de Grenoble et ne connaissais pas Toulouse ».
Prendre la main
Combien sont-ils, jeunes ou moins jeunes professionnels du travail social et médico-social, à prendre cette voie ? Aucune étude statistique n’existe car ce phénomène, qui se développe à bas bruit depuis plusieurs années, ne suscite pas encore de mobilisation politique, contrairement à l’intérim médical que le gouvernement vient d'encadrer face à son coût exorbitant.
Pourtant, le nombre d’intérimaires apparaît exponentiel dans le secteur. Une situation renforcée par la crise sanitaire, suivie par la crise du Ségur, mais déjà bien identifiée auparavant par les associations gestionnaires. Au point que certaines ont cherché à prendre la main pour contrer la voracité des agences d’intérim du secteur privé lucratif, en créant des coopératives dédiées au secteur social et médico-social.
Un succès fulgurant
À Toulouse, Coopemploi connaît ainsi un succès fulgurant. Lancée en 2017 par huit associations coopératrices, elle en compte aujourd’hui 70 - dont les plus grosses pourvoyeuses d’emploi en Occitanie - avec 45 salariés permanents et 2 000 intérimaires en contrat chaque mois. « Nous avons enregistré une croissance de 70 % en 2020 et en 2021, et de 30 % en 2022 », confirme Ali Mokadem, directeur général.