Depuis près de dix ans, le photographe Vincent Jarousseau explore la France populaire qui, loin des centres urbains, se débat avec un quotidien compliqué. Dans son nouvel opus, il raconte huit histoires de travailleuses du lien social : auxiliaire de vie sociale, éducatrice spécialisée, assistante familiale, etc. Un livre sensible et engagé.
La crise des Gilets jaunes et la mise en lumière des métiers de première ligne pendant la crise sanitaire ont pu laisser penser que les classes populaires allaient sortir de leur invisibilité. Il faut bien reconnaître que cet espoir a pris l'eau.
Vincent Jarousseau est de ceux, et bien avant les crises suscitées, qui ne se résignent pas à l'effacement de notre univers mental de ces cohortes de petits employés, d'ouvriers, d'intérimaires et de chômeurs qui forment la majorité de la population.
Injonction au mouvement
En 2019, deux ans après L'illusion nationale (la vie dans des villes conquises par le FN), ce photographe (1) signait un livre documentaire, scénarisé sur le mode du roman-photo : Les racines de la colère. Celui-ci se déroulait dans la ville anciennement sidérurgique de Denain (Nord) qui, depuis la désindustrialisation, bat des records de pauvreté.
En suivant ses habitants, il montrait que nombre d'entre eux ne se retrouvaient pas dans l'injonction au mouvement : « J'ai tenté de restituer la vie d'une France qui n'est pas "en marche" », écrivait l'auteur.