Comment les professionnels accompagnent-ils les jeunes se révélant homosexuels ou transgenres ? Quatre chercheurs présentent le questionnaire qu’ils proposent aux intervenants, afin de mettre en lumière un "impensé" du travail social.

« Dans l’exercice de vos fonctions, avez-vous accompagné les jeunes qui se questionnaient sur leur orientation sexuelle ? » La demande figure dans un questionnaire en ligne, proposé depuis cet été aux travailleurs sociaux. Objectif : mieux connaître « les expériences, pratiques, difficultés rencontrées dans l’accompagnement des jeunes LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bi, trans, queer, intersexuels, asexuels et autres, NDLR) en protection de l’enfance ».

Le questionnaire n'est qu'une première étape d'une recherche portée par une équipe de l’Université Paris Nanterre, coordonnée par Anna Rurka, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation et de la formation – avec, à ses côtés, une éducatrice spécialisée et ingénieure sociale, Marie-Cécile Perdrizet, une ex-assistante sociale devenue doctorante en sciences de l’éducation, Élodie Faisca, ainsi que le professeur et ancien directeur de l’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned, devenu ONPE), Gilles Séraphin. Les quatre nous expliquent le sens de leur recherche.

Trois d’entre vous ont une expérience professionnelle du travail social. Qu'avez-vous pu constater sur la prise en compte de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, par les équipes de la protection de l’enfance ?

Marie-Cécile PerdrizetPour ma part, je travaille dans le médico-social, et je dirais que les LGBT ne paraissent même pas exister, parmi les personnes en situation de handicap. Si on réfléchit aujourd’hui à leur permettre d’avoir une vie intime et sexuelle, c’est toujours par un prisme hétérosexuel.