Plusieurs foyers départementaux d’accueil d’urgence ont connu des mouvements de grève au printemps, pour dénoncer des conditions d’accueil et de travail devenues inacceptables. Nombreuses arrivées d’enfants en très bas âge, sureffectifs, épuisement des professionnels : ces établissements pivots de la protection des enfants en danger font souvent face à un faisceau de difficultés.
« Ça craque aussi ici, vous avez contacté les collègues ? » : s’intéresser aux centres départementaux de l’enfance et de la famille (CDEF), aussi appelés foyers départementaux de l’enfance, c’est comme ouvrir une boîte de Pandore. Constater que les difficultés structurelles souvent rencontrées dans ces lieux d’accueil d’urgence, où atterrissent les enfants après des signalements ou des ruptures d’accueil, se renouvellent, se répandent, s’arrêtent parfois pour reprendre de plus belle ensuite.
Que les causes sont complexes, que le manque de moyens n’explique pas tout, que s’entrechoquent les conséquences de la crise sanitaire, de la crise économique, de la crise des vocations, de problématiques nouvelles aussi. Qu’il y a toujours urgence à soutenir ces lieux d’urgence, qui ont parfois défrayé la chronique.
Accumulation de violences
À Toulouse, une partie des professionnels du CDEF ont ainsi débrayé pendant trois jours en mars dernier pour dénoncer une situation jugée intenable. « Nous faisions face à des accidents de service récurrents et quotidiens, avec de plus en plus d’agressions, voire de passages à tabac, une accumulation de violences », décrit Céline*, auxiliaire de puériculture de formation et représentante du personnel (Sud Santé sociaux).
Le CDEF de Haute-Garonne comprend 236 places, de la pouponnière aux services pour les adolescents, et emploie plus de 400 agents. En 2019 déjà, les professionnels avaient fait valoir leur droit d’alerte, obtenu davantage de moyens et des postes supplémentaires. En 2021, le département a également ouvert un nouveau centre d’urgence de 30 places dans le sud du territoire.